Pour sortir des banalités
Guy Delville
Chroniqueur gastronomique
Coups de gueule
Je ne suis pas toujours follement intéressé par les effets de mode dans n’importe quel domaine, surtout en matière d’alimentation. Par coïncidence, au cours de quelques-uns de mes repas au restaurant, on m’a proposé des légumes oubliés. D’autant plus répétitif que cela figure de plus en plus sur les cartes des maisons de bouche : une mode, je vous disais. Quand on se retrouve face à face, si j’ose dire, avec une assiette garnie de ces fameux légumes, on a envie de crier halte aux panais, rutabagas, topinambours, scorsonères et autres salsifis !
Oubliés parce qu’ils ne garnissent plus nos tables depuis longtemps : heureusement guerres et famines sont loin dans nos régions (du moins, pour une bonne partie d’entre nous). Au départ, ils étaient destinés au bétail car ni leur présentation, ni leur sapidité ne les rendaient présentables. A mon humble avis, je trouve que ce manque quasi total de goût, cette fadeur, joints à une couleur grisâtre fort démoralisante n’ont rien pour plaire d’autant qu’ils se retrouvent au centre de l’assiette, en vedette. D’accord c’est original (et en plus ce n’est pas cher), mais n’abusons pas et ne laissons pas envahir notre horizon gastronomique. Glissons sur notre assiette une carotte, un chou vert, un haricot, un champignon, une tomate, une asperge, un petit pois : je vous vois en train de saliver… Vous avez retrouvé le goût des légumes !