Salut aux vendangeurs.
Guy Delville
Chroniqueur gastronomique
Le goût dénaturé
J’ai vécu ma jeunesse à la campagne, près d’une ferme. La nature s’offrait à moi pour des découvertes olfactives et gustatives merveilleuses. Le lait frais, le beurre cru, les fruits juste tombés de l’arbre aux variétés parfois introuvables de nos jours. Mais aussi les légumes du potager, les plantes sauvages comestibles, le cochon élevé en liberté dont on faisait de multiples préparations en groupe… Ma mère qui, par l’odeur de sa cuisine, me faisait abandonner les jeux avec mes camarades ; je goûtais à toutes ses préparations… Toutes expériences qui m’ont formé au bon et vrai goût des choses.
Force est de constater que cette transmission de l’éducation au goût a bien changé. Actuellement, les jeunes enfants y sont initiés avec des pots de panades, des aliments à réhydrater, des sucreries de toutes sortes …
Beaucoup d’entre nous ne connaissent plus le vrai goût des aliments et ne savent pas comment les préparer pour mettre en valeur leurs qualités gustatives et de texture. Ne parlons pas des cuissons, le plus souvent inappropriées, qui dénaturent la saveur originelle du produit et qui, de surcroit, en font perdre une grande partie de leurs valeurs nutritives.
Les plats préparés sont bourrés d’additifs qui corrigent l’acidité, amplifient la saveur, procurent un arôme parfois synthétique, édulcorent leurs défauts, lient leur excès d’eau… et ne nous permettent plus d’avoir cette référence au vrai goût de l’aliment.
Il est bien évident que les industriels de l’agro-alimentaire ne font que suivre la « demande » des consommateurs. Tant que cette demande subsistera, la multiplicité des produits transformés ne fera que croître au détriment des produits naturels et toutes références à leurs goûts disparaîtront.
A suivre :
- Pourquoi est-ce important de reconnaître le vrai goût des aliments ?
- Comment préserver le vrai goût des aliments ?
- Comment notre cerveau nous joue des tours lors de la dégustation
Jacques LOUIS